Etat nuage

Mémoire

2014

Le nuage n’est pas seulement le moyen d’un style, mais le matériau d’une construction.


J.Burckhardt























Il n’y a rien de plus banal que des nuages dans le ciel. Ils me fascinent par leurs balades au gré des vents, par leurs beautés qui captent mon regard. Par les formes qu’on y dessine et par notre rapport intime à leurs réalités. Et sans oublier leurs caractères, passant de l’innocent cumulus au furieux cumulonimbus, qui nous surprendra pendant un repas d’été.

Ses formes et sa matière activent en l’homme des désirs et envies qui dépassent le constat matériel du nuage. Il est un outil pour nos projections conceptuelles. Par le passé, il a été fondateur de nombreux concepts, allant des religions polythéistes aux arts. L’homme s’est souvent servi du nuage comme support d’expression, une manière d’exprimer un point de vue ou des sentiments par la référence nuageuse. Cette matière est un moyen de dépasser le sens premier des choses, comme un enfant qui regarde un nuage et qui y voit un éléphant. Il imagine cet animal sans que la matière nuageuse prenne le dessus, il y perçoit un concept. De cette manière, on peut assimiler le nuage à un outil favorisant la création, ce qui y inclut la création technique. Il est nécessaire pour aboutir à l’effet nuageux escompter de créer de nouveaux systèmes.

Ce matériau aérien permet de créer du spectaculaire, différemment des matériaux terrestres. Il est un phénomène vivant, avec une durée de vie très éphémère et son aspect porte à la contemplation. La matière nuageuse par sa base d’eau, permet un large type d’usage. Sa fonction peut être aussi variée que notre utilisation de l’eau pour nos besoins quotidiens, qu’ils soient pour notre survie ou notre plaisir. Elle peut être consommable d’une manière aussi simple qu’une respiration.

Le numérique peut être un moyen de suggérer une autonomie de l’objet et d’une indépendance à l’action humaine. C’est un comportement naturel du nuage qui est indépendant et autonome de l’homme, dans sa formation et ses déplacements. Il est possible de reproduire des comportements objets par l’introduction du numérique. Cela induit la création d’objets cinétiques. Cette notion implique l’idée d’un mouvement produit en continu ou de manière cyclique.
La signification des nuages humains questionne. Elle peut apporter une version négative et effrayante dans l’esprit collectif. Et c’est avec le nuage de Tchernobyl, les champignons nucléaires et même les pluies acides que le nuage montre son coté le plus inquiétant. Il tend à poser des raisonnements et des réflexions concrètes sur notre rôle et nos responsabilités contemporaines.

Il agit en tant qu’outil de réflexion et permet une projection de notre imagination. Il agit en rapport à notre affect, une connexion à notre perception personnelle et mémorielle du nuage. Lorsque le nuage est utilisé pour communiquer, il agit non seulement sur l’image collective véhiculée par notre culture, mais il fait aussi appel à notre propre ressenti. Cet action comporte de multiple thématiques, de la contemplation d’une beauté phénoménale, aux évocations de langage, de symbole de la nature, de religion et imagination. L’effet du nuage est global, il agit simultanément sur plusieurs dimensions. Mon action en tant que créateur est de prendre une position et d’affirmer un point de vue tout en prenant en compte les multiples évocations. Il faut utiliser cet avantage qu’offre le nuage, ce n’est pas seulement un matériau de construction picturale ou explicatif. Ses références induites peuvent permettre une cohérence accrue du concept véhiculé par l’objet. Et offre un éventail de possibilités aux futurs usagers de s’approprier l’objet. C’est une force indéniable pour offrir aux consommateurs une expérience forte d’évocations.






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